Clés de compréhension historiques

Ce texte est largement inspiré de l'excellent ouvrage de Jean-Pierre Bouché Palestine. Plus d'un siècle de dépossession, Histoire abrégée de la colonisation, du nettoyage ethnique et de l'apartheid

Comprendre la Palestine en vidéo 

Paroles D'Honneur, Palestine : 1923 : 2023, un siècle de décolonisation (Juste Wissam), https://www.youtube.com/watch?v=4eRMS8sTZ4o

Pour plus de lisibilité, ce texte est rédigé en utilisant le masculin pour désigner les pluriels. Les femmes et autres identités de genre sont inclues dans cette formulation.

La Palestine avant la colonisation

Avant l'arrivée des premiers colons en 1882, la Palestine fait partie de l'Empire ottoman et compte 300 000 habitants de diverses religions. Les juifs palestiniens représentent 5% de la population. Contrairement à l'Europe, ils vivent en harmonie avec les autres communautés (musulmanes et chrétiennes) et le racisme (concept occidental de races supérieures qui doivent dominer les autres) n'existe pas.
Avant la colonisation, la Palestine était divisée en plusieurs districts de l'empire Ottoman. Contrairement à d'autres district, la Palestine possédait des institutions propres, un territoire défini et une population qui s'identifiait comme arabe palestinienne.


Le sionisme, une idéologie coloniale

Le sionisme est un mouvement qui a pour objectif de créer un état juif en Palestine. Ce projet implique de chasser la population qui habite cette terre depuis des siècles.
Cette idée, à la base, n'est pas juive. Elle naît dans l'Angleterre impériale du 19e siècle, qui utilise la Bible pour justifier ses projets coloniaux. L'Angleterre, comme les autres puissances européennes, cherche à augmenter son influence au Proche Orient. Elle voit dans les juifs européens "rétablis" en Palestine une population qui leur serait redevable. Cependant, Les communautés juives de l'époque sont totalement contre tout projet nationaliste. 

C'est Théodor Herzl, un journaliste d'origine juive, qui donne naissance au sionisme (en tant que mouvement politique) en 1895. L'antisémitisme (le racisme contre le juifs) est très fort en Europe depuis des siècles. Herzl affirme qu'il est inévitable, et que ça ne serre à rien de lutter contre. Selon lui, Les Juifs ont besoin de leur nation. Pour son projet, il s'inspire alors des sociétés de colonisation capitalistes, comme celle de Leopold 1er au Congo. Les sionistes envisagent d'ailleurs plusieurs pays pour leur projet, comme l'Ouganda ou le Kenya, et cela sans jamais prendre en compte les populations de ces pays.

OFFISHALL IFF, Créer Israël en Afrique : Une idée Oubliée de L'Histoire, 2023

Il faut attendre 1917 pour avoir le soutien d'une puissance coloniale, l'Angleterre. Balfour, représentant des affaires étrangères britanniques fait une déclaration, dans laquelle il envisage l'établissement en Palestine d'un foyer national pour le peuple juif. Israël est donc largement un produit du colonialisme britannique.

HISTOIRE CREPUES, L'histoire coloniale derrière la guerre Israël-Palestine, 2023

La colonisation de la Palestine

"Ne nous racontons pas d'histoire... Politiquement, nous sommes les agresseurs et ils se défendent... C'est leur pays, parce qu'ils y habitent, alors que nous voulons venir ici et coloniser, et de leur point de vue, nous voulons nous emparer de leur pays."

Discours de David Ben Gourion (fondateur de l'État d'Israël) en 1938, cité dans Simha Flapan, «Zionism and the Palestinians», 1979.


La colonisation commence par l'achat de terres cultivables en Palestine par le KKL (Fonds national juif). Seuls de rares grands propriétaires installés à l'étranger leur vendent leurs terres. Les sionistes expulsent les paysans palestiniens et les remplacent par des colons juifs. Ces achats de terre sont l'un des principaux arguments pour légitimer la création d'Israël. Ce que l'on entend moins, c'est que lors de sa création en 1948, seuls 3,6% des terres de Palestine auront été vendues au KKL. 

L'étape suivante, c'est le terrorisme. Des milices sionistes (qui formeront plus tard l'armée israélienne) organisent en 1939 des attentats dans les villages palestiniens (causant 250 morts), ils sèment la terreur pour faire fuir les palestiniens de leur pays. En 1948, ils massacrent les populations d'une trentaine de villages, dont le plus connu est celui de Deir Yassin (ses 120 habitants sont assassinés). Aujourd'hui encore, n'importe quel colon peut tirer sur un palestinien en Cisjordanie sans être puni, et l'armée bombarde les civils de Gaza pour les dissuader de résister contre l'occupation.

Après les atrocités de la Shoah (la "catastrophe" en hébreu), les Occidentaux n'osent pas refuser une nation aux juifs, peu importe si ces terres sont déjà habitées et que les palestiniens n'y sont pour rien dans le massacre des juifs en Europe. De toute façon, les puissances occidentales sont habituées à se partager le monde comme s'il leur appartenait, et malgré leurs beaux discours, ils restent fondamentalement antisémites. Globalement, ils préfèrent voir les juifs européens partir et servir leurs intérêts au Proche-Orient plutôt que de réparer le traumatisme des camps de concentration et déconstruire le racisme ancré depuis des siècles. Par ailleurs, les sondages aux États-Unis lors du règne d'Hitler et même après la fin de la deuxième guerre mondiale, montrent que la majorité des américains sont contre l'accueil des réfugiés juifs sur "leur" terre (qu'ils ont eux-mêmes volé aux amérindiens) et les voient comme une menace.[2]

En 1947, les États-Unis font adopter par l'ONU (en grande partie dirigé par les puissances coloniales occidentales) un plan de partage de la Palestine. Les juifs reçoivent 56% des terres. Le découpage n'a aucune base historique, mais il favorise l'État "juif". Naturellement, la population palestinienne refuse cette injustice, et lors de la proclamation de l'État d'Israël en 1948, les palestiniens qui habitent dans les territoires octroyés aux israéliens sont chassés, poussés à fuir, et assassinés. Les États arabes voisins entrent en guerre. Mal armés, mal coordonnés et trahis par le double jeu de la Jordanie, ils perdent face à Israël, soutenu par les États-Unis. Israël prend possession de 78% de la Palestine et près d'un million de palestiniens sont encore chassés et/ou forcés à fuir. Plus de 500 villages palestiniens sont détruits. Cet exode restera dans la mémoire collective comme la Nakba (la "catastrophe" en arabe).

La Palestine de 1946 à nos jours
https://www.ritimo.org/Carte-et-reperes-sur-la-Palestine

Femmes palestiniennes fuyant le village de Tantura après l'arrivée des israéliens, 1948
https://theconversation.com/tantura-new-documentary-sparks-debate-about-israel-and-the-palestinian-nakba-189101


Aujourd'hui, en plus d'occuper 78% de la Palestine, les israéliens créent de plus en plus de colonies dans le territoire qui reste aux palestiniens. Ils occupent militairement la Cisjordanie à l'aide notamment du mur qu'ils ont construit et des checkpoints (barrages), qui consistent à contrôler les palestiniens lorsqu'ils passent d'un lieu à l'autre (en les humiliant, leur imposant de faire demi tour et très souvent en les tabassant). 
La bande de Gaza, qui était occupée jusqu'en 2005, est aujourd'hui le seul endroit, en Palestine, dans lequel il n'y a pas de colons (pratique pour les bombarder). Mais Israël leur inflige un blocus inhumain et les enferme. On parle souvent de "prison à ciel ouvert" ou même de "plus grand camp de concentration du monde". 
C'est dans ce contexte là, après 16 ans de blocus et 5 vagues de bombardements très meurtriers, que la résistance armée palestinienne a préparé son attaque du 7 octobre 2023 contre les colonies qui entourent Gaza.

[2] https://fr.timesofisrael.com/ce-que-les-americains-pensaient-des-refugies-de-guerre-juifs/

Israël représente-t-il les juifs? 

L'État d'Israël tente de faire croire au monde qu'ils représentent la population juive. Leur propagande est simple, et particulièrement efficace en Occident. Quiconque critique Israël est antisémite. En réalité, de nombreux juifs dans le monde entier contestent les crimes odieux d'Israël, et même sa légitimité. Un grand nombre de juifs pratiquants soulignent l'incompatibilité entre le nationalisme sioniste et la Torah (livres sacrés dans le judaïsme), entre la politique coloniale et génocidaire d'Israël et leurs principes religieux. Ne faites pas l'erreur d'associer Israël aux juifs ! Israël n'est qu'une machine coloniale qui utilise l'ancien testament (la Bible) et la souffrance du peuple juif pour arriver à ses fins. Cet amalgame voulu par Israël est en grande partie responsable de certaines dérives antisémites, comme ce qu'il s'est passé au Daghestan.

TRT WORLD, Jewish Americans join massive pro-Palestine protest in US capital, 2023

Sit-in au congrès américain à Washington DC, 18 octobre 2023

Message de soutien à la Palestine du Rabin Yisroel Covid Weis à l'occasion de 75e commémoration de la Nakba, 2023

Les forces d'occupation israéliennes attaquent des juifs palestiniens pour avoir montré leur soutien aux civils de Gaza

Israël, l'ONU et les droits de l'Homme 

Israël est admis en 1949 à l'Organisation des Nations unies, à condition qu'ils acceptent le retour des réfugiés (les palestiniens qu'ils ont chassés en 1948) et qu'ils respectent les frontières reconnues par l'ONU (à peu près la moitié de la Palestine). Ces conditions ne seront évidemment jamais respectées, et de sa création jusqu'à aujourd'hui, Israël viole impunément le droit international et les droits humains fondamentaux des palestiniens comme le droit à l'autodétermination, à la liberté et à la vie. Quand l'ONU tente de mettre en place de nouvelles résolutions, comme l'interdiction de créer un mur pour enfermer et séparer les palestiniens (exemple parmi des dizaines), les États-Unis appliquent leur droit de véto (qui leur permet de bloquer toute résolution ou décision) et Israël continue tranquillement.

Pourquoi nos gouvernements (occidentaux) soutiennent inconditionnellement Israël malgré ses crimes contre l'humanité et son non-respect des droits humains? 

Rappelons-le, l'État d'Israël a été crée par l'Occident, il sert les intérêts économiques et géopolitiques des États-Unis et de l'Europe. Sa création a complètement déstabilisé et affaibli le monde arabe et l'Occident ne veut surtout pas perdre le pouvoir qu'il a au Proche-Orient, ni la mainmise sur les ressources de la région.

De plus, le lobby sioniste est très important dans nos pays, des institutions comme la LICRA en France et la CICAD en Suisse veillent à attaquer et traiter d'antisémite toute personne qui critiquerait la politique d'Israël. Aujourd'hui, les personnalités publiques et politiques qui s'expriment sur le génocide à Gaza sont rares. Pas étonnant quand on voit la plainte déposée par Darmanin, Ministre de l'intérieur français, à l'encontre de Karim Benzema, footballeur de renommée internationale, pour avoir exprimé sa solidarité envers les enfants tués à Gaza…

Mais aujourd'hui les masques tombent. Malgré la censure et la désinformation des médias, les informations et les images circulent sur internet. La population du monde entier se mobilise et des actions simples permettent aux citoyens de ne pas être complices d'Israël et de nos propres gouvernements (voir le prochain article).



Pour aller plus loin:






Youtube/Juifs-et-musulmans-Témoignages

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